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Chaque membre des Rouges de Frisco s’engageait par serment à accomplir douze exécutions par an, et à se suicider s’il ne réussissait pas à atteindre ce nombre. Les exécutions n’avaient pas lieu au hasard. Ce groupe d’exaltés se réunissait fréquemment et prononçait des sentences en série contre les membres et serviteurs de l’Oligarchie qui s’étaient signalés à sa vindicte. Les exécutions étaient ensuite distribuées au sort.

L’affaire qui m’avait amenée ce soir-là était précisément un jugement de ce genre. Un de nos camarades qui, depuis plusieurs années, réussissait à se maintenir comme commis dans le bureau local du service secret du Talon de Fer, avait éveillé la vigilance des Rouges de Frisco, et son jugement se poursuivait ce jour même. Naturellement il n’était pas présent, et ses juges ignoraient qu’il fût un des nôtres. J’avais pour mission de témoigner de son identité et de sa loyauté. On se demandera comment je pouvais être au courant de cette affaire. L’explication est très simple. L’un de nos agents secrets faisait partie des Rouges de Frisco. Il nous était nécessaire d’avoir un œil ouvert sur les amis comme sur les ennemis, et ce groupe de fanatiques était trop important pour échapper à notre surveillance.

    Fer, on avait institué un service secret des Mercenaires, qui formait la transition entre l’armée et la police.