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Je me souvins de la face de renard de ce personnage.

— Eh bien, je lui ai fait son affaire d’abord, dit Donnelly avec orgueil. Puis je me suis fait recevoir parmi les Rouges.

— Mais, comment se fait-il que vous soyez ici, demandai-je. Votre femme ? Vos enfants ?

— Morts, répondit-il. C’est pour cela… Non, poursuivit-il vivement, ce n’est pas pour les venger. Ils sont morts tranquillement dans leurs lits… la maladie, vous savez, un jour ou l’autre. Tant que je les avais, ils me liaient les bras ; et maintenant qu’ils sont partis, c’est la revanche de ma virilité flétrie que je cherche. Naguère j’étais Peter Donelly, le contremaître jaune. Mais aujourd’hui, je suis le numéro 27 des Rouges de Frisco. Venez, maintenant, je vais vous faire sortir.

J’entendis de nouveau parler de lui plus tard. Il m’avait dit la vérité à sa manière en déclarant que tous les siens étaient morts. Il lui restait un de ses fils, Timothy, mais le père le considérait comme mort parce qu’il s’était enrôlé parmi les Mercenaires[1] de l’Oligarchie.

  1. Outre les castes ouvrières, il s’en était formé une autre, la caste militaire, une armée régulière de soldats de profession, dont les officiers étaient membres de l’Oligarchie, et qui étaient connus sous le nom de Mercenaires. Cette institution remplaçait la milice, devenue impossible sous le nouveau régime. En dehors du service secret ordinaire du Talon de