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C’est à ce moment que mon père disparut. Ses lettres, qui m’étaient parvenues régulièrement, cessèrent d’arriver. On ne le revit plus à notre quartier central de Pell Street. Nos camarades le cherchèrent partout. Toutes les prisons du pays furent fouillées par notre service secret. Mais il était perdu aussi complètement que si la terre l’avait englouti, et jusqu’à ce jour on n’a pu découvrir le moindre indice de la manière dont il périt[1].

Je passai six mois de solitude dans le refuge, mais ils ne furent pas perdus. Notre organisation marchait à grands pas, et des montagnes de travail s’amoncelaient toujours devant nous. De leurs prisons, Ernest et les autres chefs décidaient ce qu’il y avait à faire, et c’était à

    et ce camouflage serait devenu un piège. Le déguisement devait être fondamental, intrinsèque, devait faire partie de l’être, comme une seconde nature. On raconte que la Vierge Rouge était devenue une adepte de cet art, et c’est à cela qu’il faut attribuer le succès de sa longue carrière.

  1. Ces disparitions étaient une des horreurs de l’époque. Elles reviennent constamment, comme un motif, dans les chansons et les histoires. C’était un résultat inévitable de la guerre souterraine qui fit rage pendant ces trois siècles. Le phénomène était presque aussi fréquent parmi les oligarques et les castes ouvrières que dans les rangs des révolutionnaires. Sans avertissement et sans traces, des hommes, des femmes et même des enfants disparaissaient ; on ne les revoyait plus, et leur fin restait enveloppée de mystère.