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ment de terre. J’ai payé mes cotisations pendant vingt-deux ans. Je suis toujours membre, et je verse toujours ma part, bien que tout cela se fasse en grand secret maintenant. Je continuerai à remplir ce devoir, et quand adviendra la République coopérative, je serai content.

Livrée à moi-même, je fis cuire mon déjeuner sur le fourneau à pétrole et mis en ordre ma nouvelle demeure. Plusieurs fois, par la suite, de grand matin ou après la tombée de la nuit, Carlson devait se glisser vers le refuge et venir travailler pendant une heure ou deux. Je m’abritai d’abord sous la toile goudronnée ; puis nous dressâmes une petite tente ; plus tard, quand nous fûmes assurés de la parfaite sécurité de notre retraite, une petite maison y fut bâtie. Elle était complètement cachée à tout regard qui pourrait plonger du bord du gouffre. La luxuriante végétation de ce coin abrité formait un écran naturel. D’ailleurs, la maison fut appliquée à la paroi verticale ; et, dans ce mur même, nous creusâmes deux petites chambres, étayées de forts madriers, bien asséchées et aérées. Je vous prie de croire que nous y avions nos aises. Lorsque, par la suite, le terroriste allemand Biedenbach vint se cacher avec nous, il installa un appareil fumivore qui nous permit de nous asseoir pendant les soirées d’hiver devant un feu de bois crépitant.

Ici encore, je dois dire un mot en faveur de ce terroriste à l’âme tendre, qui fut certainement