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C’était une cachette idéale. Personne ne venait jamais là, pas même les gamins du village de Glen Ellen. Si le trou avait été situé dans le lit d’un canyon d’un ou plusieurs milles de long, il eût été bien connu. Mais ce n’était pas un canyon. D’un bout à l’autre, le cours d’eau n’avait pas plus de cinq cents mètres de long. À trois cents mètres en amont du trou, il naissait d’une source au bas d’une prairie plate ; à cent mètres en aval, il débouchait en pays découvert, et rejoignait la rivière à travers un terrain herbeux et ondulé.

Mon compagnon fit un tour de corde autour d’un arbre et, m’ayant attachée, me fit descendre. En un instant, je fus au fond, et, en un temps relativement court, il m’envoya par le même chemin toutes les provisions de la cachette. Il hissa la corde, la dissimula, et, avant de partir, me lança un cordial au revoir.

Avant d’aller plus loin, je dois dire un mot de ce camarade, John Carlson, humble figurant de la Révolution, l’un des innombrables fidèles qui constituaient les rangs de son armée. Il travaillait chez Wickson, dans les étables du pavillon de chasse. De fait, c’est sur des chevaux de Wickson que nous avions franchi la Sonoma. Depuis près de vingt ans déjà, au moment où j’écris, John Carlson a été le gardien du refuge, et durant tout ce temps, je suis certaine que pas une pensée déloyale n’a effleuré son esprit, même en rêve. C’était un caractère flegmatique et lourd, à tel