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vus d’ossature rocheuse, ils se dressaient à des centaines de pieds sur leur base, mais ils n’étaient composés que de terre volcanique rouge, le fameux sol à vignes de la Sonoma. Parmi ces monticules, le petit ruisseau s’était taillé un lit très en pente et profondément encaissé.

Il fallut jouer des pieds et des mains pour descendre jusqu’au lit du ruisseau et, une fois là, pour en suivre le cours sur une centaine de mètres. Alors nous arrivâmes au grand trou. Rien n’avertissait de l’existence de ce gouffre, qui n’était pas un trou au sens ordinaire du mot. On rampait dans un inextricable fouillis de broussailles et d’arbustes, et l’on se trouvait tout au bord d’un abîme de verdure. À travers cet écran, on pouvait estimer qu’il avait cent pieds de long, autant de large, et la moitié à peu près en profondeur. Peut-être à cause de quelque faille qui s’était produite quand les monticules furent jetés là, et certainement par l’effet d’une érosion capricieuse, l’excavation avait été creusée au cours des siècles par l’écoulement des eaux. La terre nue n’apparaissait nulle part. On ne voyait qu’un tapis de verdure, depuis les menus capillaires appelés cheveux-de-vierge et fougères à revers d’or jusqu’aux imposants séquoias et sapins de Douglas. Ces grands arbres poussaient même sur la muraille du gouffre. Quelques-uns étaient inclinés à quarante-cinq degrés, mais la plupart s’élançaient tout droit du sol mou et presque perpendiculaire.