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mon refuge. Mais loin d’être un danger, c’était un gage de sécurité. Nous nous abritions sous l’égide même de l’un des oligarques secondaires. Tout soupçon était détourné par cette situation. Le dernier endroit du monde où les espions du Talon de Fer songeraient à nous chercher, Ernest et moi, c’était le parc à daims de Wickson.

Nous attachâmes nos chevaux sous les séquoias près de l’étang. D’une cachette pratiquée dans le creux d’un tronc pourri, mon compagnon tira tout un attirail d’objets divers : un sac de farine de cinquante livres, des boîtes de conserves de toutes sortes, des ustensiles de cuisine, des couvertures, une toile goudronnée, des livres et de quoi écrire, un gros paquet de lettres, un bidon de cinq gallons de pétrole et un gros rouleau de forte corde. Cet approvisionnement était si considérable qu’il faudrait de nombreux voyages pour le transporter à notre asile.

Heureusement, le refuge n’était pas loin. Je me chargeai du paquet de cordes et, prenant les devants, je m’engageai dans un taillis d’arbrisseaux et de vignes entrelacées qui s’enfonçait comme une allée de verdure entre deux monticules boisés, et se terminait brusquement à la rive escarpée d’un cours d’eau. C’était un petit ruisseau, alimenté par des sources, que les plus fortes chaleurs de l’été ne tarissaient pas. De toutes parts s’élevaient des monticules boisés : il y en avait tout un groupe ; ils semblaient jetés là par le geste négligent de quelque Titan. Dépour-