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moindres détails. Naguère, un écrivain de mes amis avait possédé la ferme ; lui aussi était devenu révolutionnaire, mais avec moins de chance que moi, car il avait déjà disparu, et jamais personne ne sut où ni comment il était mort. Lui seul connaissait le secret de la cachette vers laquelle je me dirigeais. Il avait acheté le ranch pour sa beauté pittoresque et l’avait payé cher, au grand scandale des fermiers de la localité. Il prenait plaisir à me raconter comment, lorsqu’il en mentionnait le prix, ceux-ci hochaient la tête d’un air consterné, et, après une sérieuse opération d’arithmétique mentale, finissaient par déclarer : — Vous ne pourrez pas même en tirer du six pour cent.

Mais il était mort, et ses enfants n’avaient pas hérité de la ferme. Fait étrange, elle appartenait à M. Wickson, qui possédait actuellement toutes les pentes est et nord de la Sonoma, depuis le domaine des Spreckels jusqu’à la ligne de faîte de la vallée Bennett. Il en avait fait un magnifique parc à daims, s’étendant sur des milliers d’acres de prairies en pente douce, de taillis et de canyons, où les animaux s’ébattaient avec presque autant de liberté qu’à l’état sauvage. Les anciens propriétaires du terrain avaient été chassés, et un asile d’État pour les faibles d’esprit avait été démoli afin de faire place aux daims.

Pour couronner le tout, le pavillon de chasse du sieur Wickson était situé à un quart de mille de