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les taillis de chênes rabougris[1] dans les gorges profondes, encore tièdes des souffles de cette fin d’été, où se dressent les majestueux séquoias. C’était pour moi une contrée familière et chère, et c’est moi qui maintenant servais de guide. C’était ma cachette, c’est moi qui l’avais choisie. Nous abaissâmes une barrière et traversâmes une haute prairie ; puis, ayant franchi une faible crête couverte de chênes, nous descendîmes dans une prairie plus petite. Nous remontâmes une autre crête, cette fois sous l’abri des arbousiers cuivrés[2] et des manzanitas[3] pourprés. Les premiers rayons du soleil nous frappèrent dans le dos pendant que nous grimpions. Une volée de cailles s’éleva à grand bruit des taillis. Un gros lapin traversa notre route en bonds rapides et silencieux. Puis un daim à plusieurs cors, le cou et les épaules empourprées par le soleil, franchit la pente devant nous et disparut derrière la crête.

Après un temps de galop à sa poursuite, nous descendîmes à pic, par une piste en zig-zag qu’il avait dédaignée, vers un magnifique groupe de séquoias entourant un étang aux eaux assombries par les minéraux apportés du flanc de la montagne. Je connaissais le chemin dans ses

  1. Dans le texte, Chaparral. Un certain nombre de termes mexicains se sont acclimatés en Californie. (N. d. T.)
  2. Madronyos (Arbutus Menziesii). (N. d. T.)
  3. Manzanitas (Nom donné à divers arbres du genre Arctostaphylos). (N. d. T.)