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et la bonne de son chien. Les filles furent emmenées par des camarades sûrs. D’autres se chargèrent de moi. Une demi-heure après avoir quitté le train j’étais à bord d’un petit bateau de pêche dans les eaux de la baie de San-Francisco.

Il y avait des sautes de vent, et nous errâmes en dérive pendant la majeure partie de la nuit.

Mais je voyais les lumières d’Alcatraz où Ernest était enfermé, et ce voisinage me réconfortait. À l’aurore, à force de rames, nous atteignions les îles Marin. Nous y restâmes cachés toute la journée ; la nuit suivante, portés par la marée et poussés par une fraîche brise, nous traversions en deux heures la baie de San-Pablo et remontions le Petaluma Creek.

Un autre camarade m’y attendait avec des chevaux, et sans délai nous nous mîmes en route à la clarté des étoiles. Au nord je pouvais voir la masse indistincte de la Sonoma, vers laquelle nous nous dirigions. Nous laissâmes à notre droite la vieille ville du même nom et remontâmes un canyon qui s’enfonçait entre les premiers contreforts de la montagne. La route charretière devint une route forestière, qui se rétrécit en une sente à bestiaux et finit par s’effacer dans les pâturages de la région haute. Nous franchîmes à cheval le sommet de la Sonoma. C’était la voie la plus sûre. Il n’y avait personne par là pour remarquer notre passage.

L’aurore nous surprit sur la crête du versant nord, et l’aube grise nous vit débouler à travers