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salon d’un wagon Pulman[1], qui, quelques minutes plus tard, roulait vers l’ouest.

Les trois filles qui m’accompagnaient étaient des révolutionnaires, dont deux faisaient partie des Groupes de Combat : la troisième entra dans un groupe l’année suivante, et fut exécutée six mois après par le Talon de Fer ; c’est celle-là qui servait le chien. Des deux femmes de chambre, l’une, Bertha Stole, disparut douze ans plus tard, tandis que l’autre, Anna Roylston, vit encore et joue un rôle de plus en plus important dans la Révolution[2].

Sans la moindre aventure nous traversâmes les États-Unis jusqu’en Californie. Quand le train s’arrêta à Oakland, à la gare de la XVIe rue, nous descendîmes, et Felice Van Verdighan disparut à jamais avec ses deux servantes, son chien

  1. Pullman, nom de l’inventeur des plus beaux wagons de luxe sur les chemins de fer de ce temps-là.
  2. En dépit des dangers continuels et presque inconcevables, Anna Roylston atteignit le bel âge de quatre-vingt-onze ans. De même que les Pococks éludèrent les exécuteurs des groupes de combat, elle défia ceux du Talon de Fer. Prospère au milieu des périls, sa vie semblait protégée par un charme. Elle-même s’était faite exécutrice pour le compte des Groupes de Combat : on l’appelait la Vierge Rouge, et elle devint l’une des figures inspirées de la Révolution. À l’âge de soixante-neuf ans, elle tua Halcliffe « le sanglant » au milieu de son escorte et échappa sans une égratignure. Elle mourut de vieillesse dans son lit, en un asile secret des révolutionnaires, sur les montagnes d’Oxark.