Page:London - Le Talon de fer, trad. Postif.djvu/310

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Dix-neuf ans se sont écoulés, et en dépit d’efforts incessants nous n’avons pas réussi à découvrir

    animalité violente, et qui attendait en cellule une mort inévitable, se laissa facilement persuader de jeter une bombe à la Chambre. Il déclare expressément dans sa confession que les agents du Talon de Fer lui affirmèrent que l’engin serait inoffensif et ne tuerait personne. Il fut introduit secrètement dans une galerie ostensiblement fermée sous prétexte de réparations. Il devait choisir son moment pour jeter la bombe, et il avoue naïvement qu’intéressé par la tirade d’Ernest et le tumulte qu’elle suscitait, il faillit oublier sa mission.

    Non seulement Pervaise fut libéré de prison, mais on lui accorda une pension pour le restant de ses jours. Il n’en jouit pas longtemps. En septembre 1914, il fut atteint d’un rhumatisme au cœur et ne survécut que trois jours. C’est alors qu’il envoya chercher un prêtre catholique et lui fit sa confession. Le Père Durban la jugea si grave qu’il la recueillit par écrit et la signa comme témoin assermenté. Nous ne pouvons que conjecturer ce qui se passa ensuite. Le document était certainement assez important pour trouver le chemin de Rome. De puissantes influences durent être mises en jeu pour en éviter la divulgation pendant plusieurs centaines d’années. C’est seulement au siècle dernier que Lorbia, le célèbre savant italien, mit la main dessus par hasard au cours de ses recherches.

    Aujourd’hui donc, il ne reste pas le moindre doute que le Talon de Fer fut responsable de l’explosion de 1913 à la Chambre des Représentants. Et même si la confession de Pervaise n’avait jamais vu le jour, il ne pouvait y avoir aucun doute raisonnable : cet acte, qui envoya en prison cinquante-deux Représentants, allait de pair avec les autres crimes innom-