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avaient vu Ernest s’apprêter à lancer la bombe, et que celle-ci avait éclaté prématurément. Naturellement ils n’avaient rien vu de tout cela, mais dans leur imagination enfiévrée par la peur, ils croyaient avoir vu.

Au tribunal, Ernest fit la déclaration suivante :

— Est-il raisonnable d’admettre, si j’avais l’intention de jeter une bombe, que j’aurais choisi une inoffensive petite pièce d’artifice comme celle-là ? Il n’y avait pas même assez de poudre dedans. Elle a fait beaucoup de fumée, mais elle n’a blessé personne autre que moi. Elle a éclaté juste à mes pieds, et elle ne m’a pas tué. Croyez-moi, quand je me mêlerai de placer des machines infernales, je ferai du dégât. Il y aura autre chose que de la fumée dans mes pétards.

Le ministère public répliqua que la faiblesse de l’engin était une bévue de la part des socialistes, de même que son explosion prématurée, Ernest l’ayant laissé tomber par nervosité. Et cette argumentation était corroborée par le témoignage de ceux qui prétendaient avoir vu Ernest tripoter la bombe et la laisser choir.

De notre côté, personne ne savait comment elle avait été lancée ; Ernest me dit qu’une fraction de seconde avant son explosion, il l’avait entendue et vue frapper le sol à ses pieds. Il l’affirma au procès, mais personne ne le crut. D’ailleurs l’affaire était « cuisinée » selon l’ex-