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— Je sais que vous ne voterez pas ce projet, continua Ernest. Vous avez reçu de vos maîtres l’ordre de voter contre. Et vous osez me traiter d’anarchiste, vous qui avez détruit le gouvernement du peuple, vous qui paradez en public sous votre livrée de honte écarlate ! Je ne crois pas au feu d’enfer, mais parfois je le regrette, et je suis tenté d’y croire en ce moment, car le soufre et la poix ne seraient pas de trop pour punir vos crimes comme ils le méritent. Tant qu’existent vos pareils, l’enfer est une nécessité cosmique.

Il se produisit un mouvement aux portes. Ernest, le président et tous les députés regardèrent dans cette direction.

— Pourquoi ne commandez-vous pas à vos soldats d’entrer et d’accomplir leur besogne, monsieur le président ? demanda Ernest. Ils exécuteraient votre plan avec promptitude.

— Il y a d’autres plans sur pied, fut la réplique. C’est pour cela que les soldats sont ici.

— Des plans à nous, je suppose, railla Ernest. L’assassinat ou quelque chose de ce genre.

Au mot d’assassinat le tumulte recommença. Ernest ne pouvait plus se faire entendre, mais restait debout, attendant une accalmie. C’est alors que la chose se passa. De ma place dans la galerie, je n’aperçus rien que l’éclair de l’explosion. Son fracas m’assourdit, et je vis Ernest chanceler et tomber dans un tourbillon de fumée, tandis que les soldats se précipitaient dans toutes les travées. Ses camarades étaient debout,