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tes. Il n’y a pas de parti de ce nom, il n’y a ni républicains ni démocrates dans cette Chambre. Vous n’êtes que des flagorneurs et des entremetteurs, des créatures de la ploutocratie. Vous discourez à la manière antique de votre amour de la liberté, vous qui portez sur le dos la livrée écarlate du Talon de Fer !

Sa voix fut couverte par les cris : — À l’ordre, à l’ordre !  — et il attendit d’un air dédaigneux que le tapage fût un peu apaisé. Alors, étendant le bras comme pour les ramasser tous, et se tournant vers ses camarades, il leur cria :

— Écoutez ces mugissements de bêtes bien repues.

Le vacarme reprit de plus belle. Le président frappait sur la table pour obtenir le silence, et glissait des regards d’expectative vers les officiers massés aux portes. Il y eut des cris de — Sédition ! — et un membre de New York, remarquable par sa rotondité, lança l’épithète — l’Anarchiste ! — L’expression d’Ernest n’était pas des plus rassurantes. Toutes ses fibres combatives semblaient vibrer, et sa physionomie était celle d’un animal agressif ; et cependant il restait froid et maître de lui-même.

— Souvenez-vous, — cria-t-il d’une voix qui domina le tumulte, — vous qui ne montrez aucune pitié pour le Prolétariat, qu’un jour celui-ci ne vous en montrera pas davantage.

Les cris de : Séditieux ! Anarchiste ! redoublèrent.