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agents pénétraient à travers toute l’organisation du Talon de Fer, tandis que la nôtre était pénétrée par les siens. Tactique sombre et tortueuse, pleine d’intrigues et de conspirations, de mines et de contre-mines. Et derrière tout cela, la mort toujours menaçante, la mort violente et terrible. Des hommes et des femmes disparaissaient, nos meilleurs et nos plus chers camarades. On les voyait aujourd’hui : demain ils s’étaient évanouis : on ne les revoyait jamais plus et nous savions qu’ils étaient morts.

Il ne régnait plus nulle part ni sûreté, ni confiance. L’homme qui complotait avec nous pouvait être un agent du Talon de Fer. Mais il en était de même des deux côtés ; et nous étions néanmoins obligés de tabler tous nos efforts sur la confiance et la certitude. Nous fûmes souvent trahis : la nature humaine est faible. Le Talon de Fer pouvait offrir de l’argent et des loisirs à dépenser dans ses merveilleuses cités de plaisirs et de repos. Nous n’avions d’autres attraits que la satisfaction d’être fidèles à un noble idéal, et cette loyauté n’attendait d’autre salaire que le danger perpétuel, la torture et la mort.

La mort constituait aussi l’unique moyen dont nous disposions pour punir cette faiblesse humaine, et c’était une nécessité pour nous de châtier les traîtres. Chaque fois que l’un des nôtres nous trahissait, un ou plusieurs fidèles vengeurs étaient lancés à ses trousses. Il pou-