Page:London - Le Talon de fer, trad. Postif.djvu/294

Cette page a été validée par deux contributeurs.

La tâche que nous nous étions imposée était triple. Nous voulions d’abord sarcler nos propres rangs des agents provocateurs : ensuite, organiser les Groupes de Combat, en dehors de

    et parfaitement juridique. Il n’y avait pas de jugements improvisés. Quand un homme était pris, on lui accordait un jugement loyal et la possibilité de se défendre. Nécessairement beaucoup de gens furent jugés et condamnés par procuration, comme dans le cas du général Lampton, en 2138 après J.-C. Des mercenaires de l’Oligarchie, celui-ci était peut-être le plus sanguinaire et le plus cruel. Il fut informé par les Groupes de Combat qu’il avait été jugé, reconnu coupable et condamné à mort ; et cet avertissement lui était donné après trois sommations d’avoir à cesser son traitement féroce des prolétaires. Après cette condamnation, il s’entoura d’une multitude de moyens de protection. Pendant des années, les Groupes de Combat s’efforcèrent en vain d’exécuter leur sentence. Des camarades nombreux, hommes et femmes, échouèrent successivement dans leurs tentatives et furent cruellement exécutés par l’Oligarchie. C’est à propos de cette affaire que la crucifixion fut remise en vigueur comme moyen d’exécution légale. Mais au bout du compte le condamné trouva son bourreau en la personne d’une frêle jeune fille de dix-sept ans, Madeleine Provence, qui, pour atteindre son but, servait depuis deux ans dans le palais en qualité de lingère du personnel. Elle mourut en cellule après des tortures horribles et prolongées. Mais aujourd’hui sa statue de bronze se dresse au Panthéon de la Fraternité dans la merveilleuse cité de Serles.

    Nous autres qui, par expérience personnelle, ne savons pas ce que c’est qu’un meurtre, nous ne devons