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Groupes de Combat se recrutaient parmi les plus braves de nos camarades, parmi les plus combatifs et les plus disposés au sacrifice d’eux-mêmes. Un jour, au bout de dix ans, Ernest calcula, d’après les chiffres fournis par les chefs de ces groupes, que la durée moyenne de la vie ne dépassait pas cinq ans pour les hommes et les femmes qui s’y étaient fait inscrire. Tous les camarades des Groupes de Combat étaient des héros, et ce qu’il y a de plus singulier, c’est qu’il leur répugnait d’attenter à la vie. Ces amants de la liberté faisaient violence à leur propre nature, jugeant qu’aucun sacrifice n’est trop grand pour une si noble cause[1].

  1. Ces groupes d’action furent modelés plus ou moins sur les organisations de combat de la Révolution russe, et, en dépit des efforts incessants du Talon de Fer, ils subsistèrent pendant les trois siècles qu’il dura lui-même. Composés d’hommes et de femmes inspirés d’intentions sublimes, et impavides devant la mort, les Groupes de Combat exercèrent une prodigieuse influence et modérèrent la sauvage brutalité des gouvernants. Leur œuvre ne se borna pas à une guerre invisible contre les agents de l’Oligarchie. Les Oligarques eux-mêmes furent obligés de prendre garde aux décrets des Groupes, et, plusieurs fois, ceux d’entre eux qui leur avaient désobéi furent punis de mort ; il en fut de même pour les sous-ordres des Oligarques, les officiers de l’armée et les chefs des castes ouvrières.

    Les sentences rendues par ces vengeurs organisés étaient conformes à la plus stricte justice, mais le plus remarquable était leur procédure sans passion