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Dans la nuit du 22 avril les hommes se mutinèrent et tuèrent leurs officiers, dont un petit nombre seulement échappèrent au massacre. Ceci dépassait le programme du Talon de Fer, et ses agents avaient trop bien travaillé. Mais tout était blé à moudre pour ces gens-là. Ils étaient préparés pour l’explosion, et le meurtre de tant d’officiers fournissait une justification de ce qui allait suivre. Comme par magie, quarante mille hommes de l’armée régulière enveloppèrent le camp, ou plutôt le piège. Les malheureux miliciens s’aperçurent que les cartouches prises dans les dépôts n’étaient pas du calibre de leurs fusils. Ils hissèrent le drapeau blanc pour se rendre, mais il ne fut pas tenu compte de ce geste. Aucun mutin ne survécut. Les six mille furent annihilés jusqu’au dernier. Ils furent d’abord bombardés de loin à coups d’obus et de shrapnels, puis, dans leur charge désespérée contre les lignes enveloppantes, fauchés à coups de mitrailleuses. J’ai causé avec un témoin oculaire : il m’a dit que pas un milicien n’approcha à moins de cent cinquante mètres de ces engins meurtriers. Le sol était jonché de cadavres. Dans une charge finale de cavalerie, les blessés furent abattus à coups de sabre et de revolver et écrasés dans la terre sous les sabots des chevaux.

En même temps que la destruction des Grangers eut lieu la révolte des mineurs, dernier spasme de l’agonie du travail organisé. Au