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ces travaux, bien qu’il ne pût s’empêcher de répéter de temps à autre et apparemment hors de propos : « Pour ce qui est de la poudre, les combinaisons chimiques valent mieux que les mélanges mécaniques, croyez-moi. »

Les choses commencèrent à se gâter pour les Grangers dans la douzaine d’États dont ils s’étaient emparés aux élections. On ne permit pas aux nouveaux élus de prendre possession de leurs fonctions. Les titulaires refusèrent de leur céder la place, et sous le simple prétexte d’irrégularités électorales, ils embrouillèrent toute la situation dans l’inextricable procédure des ronds de cuir. Les Grangers se trouvèrent réduits à l’impuissance. Les tribunaux, leur dernier recours, étaient entre les mains de leurs ennemis.

La minute était dangereuse entre toutes. Tout était perdu si les Campagnards, ainsi joués, faisaient appel à la violence. Nous autres socialistes employions tous nos efforts à les retenir. Ernest passa des jours et des nuits sans fermer l’œil. Les grands chefs des Grangers voyaient le danger et s’activaient en parfait accord avec nous. Mais tout cela ne servit à rien. L’Oligarchie voulait la violence et mit en œuvre ses agents provocateurs. Ce sont eux, le fait est indiscutable, qui causèrent la révolte des paysans.

Elle s’alluma dans les douze États. Les fermiers expropriés s’emparèrent par force de leurs gouvernements. Naturellement, ce procédé étant