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Street dans le quartier des magasins et des théâtres ; il y vendait des journaux, faisait des commissions, ouvrait les portières. Un jour, en fermant celle d’un cab, il se trouva nez à nez avec Wickson. C’est en grande allégresse qu’il nous raconta l’incident le soir même.

— « Wickson m’a regardé attentivement au moment où je fermais la portière et a murmuré : « Oh ! le diable m’emporte ! » Oui, c’est ainsi qu’il s’est exprimé : « Oh ! le diable m’emporte ! » Il a rougi et il était si confus qu’il a oublié de me donner un pourboire. Mais il dut recouvrer ses esprits promptement, car après quelques tours de roue la voiture revint au bord du trottoir. Il se pencha à la portière et s’adressa à moi :

— Comment, vous, Professeur ! Oh, c’est trop fort ! Que pourrais-je bien faire pour vous ?

— J’ai fermé votre portière, répondis-je. D’après la coutume, vous pourriez me donner un petit pourboire.

— Il s’agit bien de ça ! grogna-t-il. Je veux dire quelque chose qui en vaille la peine.

— Il était certainement sérieux ; il éprouvait sans doute quelque chose comme un élancement de sa conscience pétrifiée. Aussi je fus un bon moment à réfléchir avant de lui répondre. Quand j’ouvris la bouche, il avait l’air profondément attentif ; mais il fallait le voir quand j’eus fini !

— Eh bien, dis-je, vous pourriez peut-être me rendre ma maison et mes actions dans les Filatures de la Sierra.