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Tandis que la terre entière était déchirée par ses conflits, la paix était loin de régner aux États-Unis. La défection des grands syndicats avait empêché la révolte de nos prolétaires, mais la violence était partout déchaînée. Outre les troubles travaillistes, outre le mécontentement des fermiers et de ce qui subsistait des classes moyennes, une renaissance religieuse s’allumait et se propageait. Une branche de la secte des Adventistes du Septième Jour venait de surgir et d’atteindre un développement remarquable. Ses fidèles proclamaient la fin du monde.

— Il ne manquait plus que cela dans la confusion universelle, — s’écriait Ernest. — Comment espérer que la solidarité s’établisse au sein de toutes ces tendances divergentes et contraires ?

Et, en vérité, ce mouvement religieux prenait des proportions formidables. Le peuple, par suite de sa misère et de sa désillusion de toutes les choses terrestres, était mûr et enflammé de désirs pour un ciel où ses tyrans industriels entreraient plus difficilement qu’un chameau ne peut passer par le trou d’une aiguille. Des prédicateurs à l’œil torve vagabondaient dans tout le pays ; en dépit de toutes les défenses des autorités civiles et de toutes les poursuites engagées contre les délinquants, les flammes de ce fanatisme religieux étaient attisées par d’innombrables réunions de campement.

Les derniers jours étaient venus, criaient-ils : la fin du monde était commencée. Les quatre