Page:London - Le Talon de fer, trad. Postif.djvu/276

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Pendant ce temps, le reste de la classe ouvrière était traité plus durement que jamais. Beaucoup de ses minces privilèges lui furent enlevés. Ses salaires et son niveau économique baissèrent rapidement. Ses écoles publiques ne tardèrent pas à tomber en décadence, et peu à peu l’éducation cessa d’y être obligatoire. Le nombre des illettrés s’accrut dangereusement dans la jeune génération.

La mainmise des États-Unis sur le marché mondial avait ébranlé l’ensemble du monde. Les institutions et les gouvernements s’écroulaient ou se transformaient partout. L’Allemagne, l’Italie, la France, l’Australie et la Nouvelle-Zélande étaient en train de s’organiser en républiques coopératives. L’Empire britannique s’en allait par morceaux. L’Angleterre avait les bras surchargés. L’Inde était en pleine révolte. Le cri de tout l’Orient était : « L’Asie aux Asiatiques ! » Et du fond de l’Extrême-Orient, le Japon poussait et soutenait les races jaunes et brunes contre la race blanche. Tout en rêvant d’un empire continental et en s’efforçant de réaliser son rêve, il anéantissait sa propre révolution prolétarienne. Ce fut une simple guerre de castes, Coolies contre Samouraïs, et les travailleurs socialistes furent exécutés en masse. Quarante mille furent tués dans la bataille de rues à Tokyo et dans le futile assaut contre le palais du Mikado. À Kobé ce fut une boucherie : le massacre des filateurs de coton à coups de mitrailleuses est