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Dès que fut connu le secret de la défection des syndicats favorisés, il se produisit dans le monde du travail des murmures et grondements. Puis les unions privilégiées se retirèrent des organisations internationales et rompirent toutes leurs affiliations. Alors survinrent des troubles et des violences. Leurs membres furent mis à l’index comme des traîtres ; dans les bars et les maisons publiques, dans les rues et dans les ateliers partout ils furent assaillis par les camarades qu’ils avaient si perfidement désertés.

Nombre de têtes furent endommagées, et il y eut beaucoup de tués. Aucun des privilégiés n’était en sûreté. Ils se réunissaient en bandes pour aller au travail et en revenir. Sur les trottoirs, ils étaient exposés à avoir le crâne défoncé par des briques ou des pavés jetés des fenêtres ou des toits. On leur donna l’autorisation de s’armer et les autorités les aidèrent de toutes les manières. Leurs persécuteurs furent condamnés à de longues années de prison, où ils furent cruellement traités. Cependant, nul homme étranger aux syndicats privilégiés n’avait le droit

    mécaniciens de locomotives un plan d’après lequel ils devaient s’arranger avec la direction et faire bande à part vis-à-vis de tous les autres syndicats. Ce plan égoïste réussit parfaitement, et c’est de là que fut forgé le mot « arthurisation » pour désigner la participation des syndicats à la gratte. Ce mot a longtemps embarrassé les étymologistes, mais j’espère que sa dérivation est désormais bien claire.