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avaient essayé d’apaiser les travailleurs en les intéressant financièrement à leur tâche. Mais la participation aux bénéfices, en tant que système, était absurde et impossible. Elle ne pouvait réussir que dans certains cas isolés au sein du conflit général ; car si tout le travail et tout le capital se partageaient les bénéfices, les choses en reviendraient au même point qu’avant.

Ainsi, de l’idée impraticable de participation aux bénéfices, naquit l’idée pratique de participation à la gratte. « Payez-nous plus cher et rattrapez-vous sur le public » devint le cri de guerre des syndicats prospères. Et cette politique égoïste réussit de-ci de-là. En faisant payer le client, on faisait payer la grande masse du travail non organisé ou faiblement organisé. C’étaient, en réalité, ces travailleurs qui fournissaient l’augmentation de salaire de leurs camarades plus forts, membres de syndicats devenus des monopoles. Cette idée, je le répète, fut simplement poussée à la conclusion logique, sur une vaste échelle, par la combinaison des oligarques et des unions privilégiées[1].

  1. Tous les syndicats des chemins de fer entrèrent dans cette combinaison. Il est intéressant de remarquer que la première application définie de la politique des parts de rabiot avait été faite au XIXe siècle par un syndicat de chemin de fer, l’Union fraternelle des Mécaniciens de locomotives. Un certain P. M. Arthur en était depuis vingt ans le grand chef. Après la grève du Pensylvania Railroad en 1877, il soumit aux