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« Elle devra les dépenser d’une façon ou d’autre, et tu peux être certaine qu’elle en trouvera le moyen. De magnifiques routes seront construites. La science, et surtout l’art, atteindront un développement prodigieux. Quand les oligarques auront complètement maté le peuple, ils auront du temps à perdre pour autre chose. Ils deviendront les adorateurs du Beau, les amants des arts. Sous leur direction, et généreusement payés, les artistes se mettront à l’œuvre. Il en résultera une apothéose de génie, les hommes de talent n’étant plus obligés comme jusqu’ici de sacrifier au mauvais goût bourgeois des classes moyennes. Ce sera une époque de grand art, je le prédis, et il surgira des villes de rêve près desquelles les anciennes cités paraîtront mesquines et vulgaires. Et dans ces villes merveilleuses, les oligarques résideront et adoreront la Beauté[1].

  1. Nous ne pouvons qu’admirer l’intuition d’Everhard. Longtemps avant que l’idée même de cités merveilleuses comme celles d’Ardis et d’Asgard fût née dans l’esprit des oligarques, il entrevoyait ces villes splendides et la nécessité de leur création. Depuis ce jour de prophétie ont passé les trois siècles du Talon de Fer et les quatre siècles de la Fraternité de l’Homme, et aujourd’hui nous foulons les routes et habitons les cités édifiées par les oligarques. Il est vrai que nous avons continué à construire, que nous bâtissons des villes encore plus merveilleuses, mais celles des oligarques subsistent, et j’écris ces lignes à Ardis, l’une des plus merveilleuses entre toutes.