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il y aura des révolutions de palais, de sorte que la domination passera tour à tour aux mains des uns et des autres. Ces conflits accéléreront l’inévitable affaiblissement des castes, si bien qu’en fin de compte le jour du peuple surviendra. »

Il ne faut pas oublier que cette esquisse d’une lente évolution sociale était tracée par Ernest dans le premier mouvement d’abattement provoqué par la défection des grands syndicats. C’est un point de vue que je n’ai jamais partagé, et dont je diffère plus cordialement que jamais en écrivant ces lignes ; car en ce moment même, bien qu’Ernest ait disparu, nous sommes à la veille d’une révolte qui balayera toutes les oligarchies. J’ai rapporté ici la prophétie d’Ernest parce que c’est lui qui l’a faite. Bien qu’il y ajoutât foi, cela ne l’a pas empêché de lutter comme un géant contre son accomplissement ; et plus que nul homme au monde, c’est lui qui a rendu possible le soulèvement dont nous attendons le signal[1].

— Mais si l’Oligarchie subsiste, lui demandai-je, que deviendront les énormes surplus dont elle s’enrichira d’année en année ?

  1. Les prédictions sociales d’Everhard étaient remarquables. Avec la même clarté que s’il lisait ces événements dans le passé, il prévoyait la défection des syndicats privilégiés, la naissance et la lente décadence des castes ouvrières, ainsi que la lutte entre celles-ci et l’Oligarchie mourante pour la direction de la machine gouvernementale.