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« Sais-tu ce qu’il adviendra de Farley[1] et de ses briseurs de grève ? Je vais te le dire. Leur métier disparaîtra en tant que tel. Car il n’y aura plus de grèves. Il n’y aura que les révoltes d’esclaves. Farley et sa bande seront promus gardes-chiourme. Oh ! l’on n’emploiera pas ces termes-là : On dira qu’ils sont chargés de faire exécuter la loi qui prescrit le travail obligatoire… Cette trahison des grands syndicats ne fera que prolonger la lutte, mais Dieu sait où et quand la révolution triomphera.

— Avec une puissante combinaison comme celle de l’Oligarchie et des grands syndicats, comment espérer que la révolution vienne jamais à triompher ? demandai-je. Cette combinaison-là peut durer éternellement.

Il hocha la tête négativement.

« C’est une de nos conclusions générales, que tout système basé sur les classes et les castes contient en soi les germes de sa propre décadence. Quand une société est fondée sur les classes, comment peut-on empêcher le développement des castes ? Le Talon de Fer ne pourra s’y oppo-

  1. James Farley, briseur de grèves célèbre à cette époque. C’était un homme doué de capacités indéniables, mais de plus de courage que de moralité. Il s’éleva très haut sous la domination du Talon de Fer, et finit par se faire admettre dans la caste des oligarques. Il fut assassiné en 1932 par Sarah Jenkins, dont le mari avait été tué trente ans auparavant par les briseurs de grèves.