Page:London - Le Talon de fer, trad. Postif.djvu/263

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— J’espère qu’il n’y a rien à craindre ou dont on puisse rougir, demanda Ernest d’un air défiant.

— Je pense que nous connaissons notre affaire mieux que personne, fut la réplique.

— Ce doit être une affaire qui redoute la lumière, à en juger d’après vos cachotteries, — dit Ernest, dont la colère montait.

— Nous avons payé notre expérience avec la sueur et du sang, et nous avons bien gagné tout ce qui nous reviendra, répondit l’autre. — Charité bien ordonnée commence par soi-même.

— Si vous avez peur de me dire votre façon de vous en tirer, je vais vous la dire moi-même. — Le courroux d’Ernest était excité. — Vous allez prendre part à la curée. Vous vous êtes entendus avec l’ennemi, voilà ce que vous avez fait. Vous avez vendu la cause du travail, de tout le travail. Vous désertez le champ de bataille comme des lâches.

— Je ne dis rien, répondit O’Connor d’un air bourru. Seulement il me semble que nous savons un peu mieux que vous ce qu’il nous faut.

— Et vous vous moquez absolument de ce qu’il faut au reste des travailleurs. D’un coup de pied, vous envoyez la solidarité dans le fossé.

— Je n’ai rien à dire, répliqua O’Connor, sinon que je suis président de l’Association des Mécaniciens et que c’est mon affaire à moi d’envisager les intérêts des hommes que je représente, voilà tout.