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comme en Allemagne. Le travail organisé avait enfin compris sa leçon. Battus définitivement sur le terrain choisi par eux-mêmes, les travailleurs l’abandonnèrent et passèrent sur le terrain politique des socialistes ; car la grève générale était une grève politique. Mais les ouvriers avaient été si cruellement malmenés que désormais l’étiquette ne leur importait guère. Ils se joignirent à la grève en pur désespoir de cause. Ils jetèrent leurs outils et quittèrent le travail par millions. Les mécaniciens se distinguèrent tout particulièrement. Leurs têtes étaient encore ensanglantées, leur organisation apparemment détruite, et néanmoins ils marchèrent en bloc, avec leurs alliés de la métallurgie.

Même les simples manœuvres et tous les travailleurs libres interrompirent leur tâche. Tout était combiné dans la grève générale de façon que personne ne pût travailler. En outre, les femmes se manifestèrent comme les plus actives propagandistes du mouvement. Elles firent front contre la guerre. Elles ne voulaient pas laisser partir leurs hommes à la tuerie. Bientôt l’idée de grève générale s’empara de l’âme populaire et y réveilla la corde humoristique : dès lors elle se propagea avec une rapidité contagieuse. Les enfants se mirent en grève dans toutes les écoles, et les professeurs venus pour faire leurs cours trouvèrent les classes désertes. Le chômage universel prit l’allure d’un