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Cette menace belliqueuse était suspendue comme un sombre nuage, et toute la scène était disposée pour une catastrophe mondiale ; car le monde entier était le théâtre de crises, de troubles travaillistes, de rivalités d’intérêts ; partout périssaient les classes moyennes, partout défilaient des armées de chômeurs, partout grondaient des rumeurs de révolution sociale[1].

  1. Il y avait longtemps que ces murmures et grondements se faisaient entendre. Dès 1906, Lord Avebury prononçait à la Chambre des Lords les paroles suivantes : « L’inquiétude de l’Europe, la propagation du socialisme et la sinistre apparition de l’anarchie sont des avertissements donnés aux gouvernements et aux classes dirigeantes que la condition des classes laborieuses devient intolérable, et que si l’on veut éviter une révolution, il faut prendre des mesures pour augmenter les salaires, réduire les heures de travail et abaisser le prix des objets nécessaires à la vie. »

    Le Wall Street Journal, organe de spéculateurs, commentait en ces termes le discours de Lord Avebury : « Ces paroles ont été prononcées par un aristocrate, par un membre de l’organisme le plus conservateur de toute l’Europe. Elles n’en prennent que plus de sens. La politique économique qu’il recommande a plus de valeur que celle enseignée dans la plupart des livres. C’est un signal avertisseur. Prenez-y garde, Messieurs du Ministère de la Guerre et de la Marine ! »

    À la même époque Sydney Brooks écrivait en Amérique, dans le Harper’s Weekly : « Vous ne voulez pas entendre parler des socialistes à Washington. Pourquoi ? Les politiciens sont toujours les derniers du pays à voir ce qui se passe sous leur nez. Ils se moqueront de ma prédiction, mais j’annonce en