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néanmoins. Mais, au lieu du triomphe qui nous aurait donné des postes officiels et des majorités dans tous les corps législatifs, nous n’avions obtenu qu’une minorité. Cinquante de nos candidats étaient bien élus au Congrès : mais quand ils prirent possession de leurs sièges, au printemps de 1913, ils se trouvèrent sans pouvoir d’aucune sorte. Encore étaient-ils plus fortunés que les Grangers, qui avaient conquis une douzaine de Gouvernements d’États, et à qui on ne permit même pas de prendre possession de leurs fonctions ; les titulaires en charge refusèrent de leur céder la place, et les Cours étaient entre les mains de l’Oligarchie. Mais il ne faut pas anticiper sur les événements, et je dois raconter les troubles de l’hiver de 1912.

La crise nationale avait provoqué une énorme réduction de la consommation. Les travailleurs, sans emploi, sans argent, ne faisaient pas d’achats. Par suite, la ploutocratie se trouvait plus que jamais encombrée d’un excédent de marchandises. Elle était forcée de s’en débarrasser à l’étranger, et elle avait besoin de fonds pour réaliser ses plans gigantesques. Ses efforts ardents pour disposer de ce surplus sur le marché mondial la mirent en compétition d’intérêts avec l’Allemagne. Les conflits économiques dégénéraient habituellement en conflits armés, et celui-ci ne fit pas exception à la règle. Le grand Seigneur de Guerre allemand se tint prêt ; et les États-Unis se préparèrent de leur côté.