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consortiums, agissant de concert, avaient fusionné leurs énormes surplus et constitué un cartel des fermes. Les chemins de fer, qui gouvernaient les tarifs de transport, et les banquiers et spéculateurs de Bourse, qui gouvernaient les prix, avaient depuis longtemps saigné les fermiers, et les avaient poussés à s’endetter jusqu’au cou. D’autre part, les banquiers et les trusts eux-mêmes avaient prêté de grosses sommes aux campagnards. Ceux-ci étaient dans le filet. Il ne restait qu’à le hisser par-dessus bord, et la combinaison des fermes s’y activa.

La crise de 1912 avait déjà produit un effroyable enlisement dans le marché des produits agricoles. Ils furent maintenant réduits de propos délibéré à des prix de faillite, tandis que les chemins de fer, à coups de tarifs prohibitifs, brisaient la colonne vertébrale au chameau du paysan. Ainsi l’on obligeait les fermiers à emprunter de plus en plus, tout en les empêchant de rembourser leurs vieux emprunts. Alors survinrent une forclusion générale des hypothèques et un recouvrement obligatoire des effets souscrits. Les fermiers furent tout simplement forcés d’abandonner leurs terres au trust. Après quoi ils furent réduits à travailler pour son compte, en qualité de gérants, surintendants, contremaîtres ou simples manœuvres, tous employés à gages. En un mot, ils devinrent des vilains, des serfs, attachés au sol pour un salaire de