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mages et intérêts. Il n’avait aucune chance de s’en tirer. La haute banque l’avait condamné, et elle avait les tribunaux en mains pour faire exécuter la sentence. Avec lui s’écroula le Parti Démocrate qu’il avait si récemment capturé.

Cette double exécution ne laissait à ses adhérents que deux voies à suivre : l’une aboutissait au Parti Socialiste, l’autre au Parti Républicain. C’est ainsi que nous recueillîmes les fruits de la propagande soi-disant socialiste de Hearst ; car la grande majorité de ses fidèles vinrent grossir nos rangs.

L’expropriation des fermiers qui eut lieu à cette époque nous aurait procuré un autre renfort sérieux sans la brève et futile poussée du Parti des Granges. Ernest et les chefs socialistes firent des efforts désespérés pour se concilier les fermiers. Mais la destruction des journaux et maisons d’éditions socialistes constituait contre eux un atout formidable, et la propagande de bouche en bouche n’était pas encore suffisamment organisée. Il arriva donc que des politiciens du genre de M. Calvin, qui n’étaient eux-mêmes que des fermiers depuis longtemps expropriés, s’emparèrent des paysans et gaspillèrent leur force politique dans une campagne absolument vaine.

— Pauvres fermiers ! — s’écriait Ernest avec un rire sardonique. — Les trusts les tiennent à l’entrée et à la sortie.

Ce mot dépeignait bien la situation. Les sept