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13. La grève générale


Ernest fut élu à la fin de 1912. C’était immanquable, par suite de l’énorme glissement vers le socialisme que venait de déterminer dans une large mesure la suppression de Hearst[1]. L’élimination de ce colosse aux pieds d’argile ne fut qu’un jeu d’enfant pour la ploutocratie. Hearst dépensait annuellement dix-huit millions de dollars pour soutenir ses nombreux journaux, mais cette somme lui était remboursée, et au-delà, sous forme d’annonces, par la classe moyenne.

  1. « William Randolph Hearst », jeune Californien millionnaire, qui devint le plus puissant propriétaire de journaux de la région. Ses feuilles, publiées dans toutes les villes de quelque importance, s’adressaient à la classe moyenne décadente en même temps qu’au prolétariat. Sa clientèle était si vaste qu’il réussit à prendre possession de la coquille vide du vieux parti démocratique. Il occupait une position anormale et prêchait un socialisme émasculé, mitigé de je ne sais quel capitalisme petit-bourgeois, sorte de pétrole mélangé d’eau claire. Il n’avait aucune chance d’aboutir à quoi que ce soit, mais pendant une brève période il inspira de sérieuses appréhensions aux ploutocrates.