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propagande, dit Ernest d’un air soucieux. — Cela ferait un bien immense.

— Croyez-vous ? dit l’évêque. Je n’ai pas grande foi dans la politique. J’ai bien peur de n’y rien comprendre.

Ernest était très délicat en pareille matière. Il ne réitéra pas sa suggestion, bien qu’il n’eût que trop conscience de la situation difficile où se débattait le Parti socialiste par suite du manque de fonds.

— Je vis dans des garnis à bon marché, — continua l’évêque, — mais j’ai peur, et je ne reste jamais longtemps au même endroit. J’ai aussi loué deux chambres dans des maisons ouvrières en différents quartiers de la ville. C’est une grosse extravagance, je le sais, mais elle est nécessaire. Je la compense partiellement en faisant ma cuisine moi-même, mais quelquefois je trouve à manger à bon compte dans des cafés populaires. Et j’ai fait une découverte : c’est que les « Tamales »[1] sont excellents quand l’air se refroidit le soir. Seulement ils coûtent cher : j’ai découvert une maison où l’on en donne trois pour dix sous : ils ne sont pas aussi bons qu’ailleurs, mais ça réchauffe.

Et voilà comment j’ai enfin trouvé ma tâche en ce monde, grâce à vous, jeune homme. Cette

  1. Mets mexicain, dont il est souvent question dans la littérature de l’époque. On suppose qu’il était fortement épicé. La recette n’en est pas parvenue jusqu’à nous.