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Vous avez apporté des lueurs dans ma nuit, et maintenant moi aussi je vois la lumière du jour. Et je me trouve très heureux, à part… — il hésita douloureusement, et une vive appréhension assombrit son regard — à part cette persécution. Je ne fais de mal à personne. Pourquoi ne me laisse-t-on pas tranquille ? Mais ce n’est pas encore cela, c’est surtout la nature de cette persécution. Il me serait égal d’être écorché sous le fouet, brûlé sur un bûcher ou crucifié la tête en bas. Mais c’est l’asile qui m’épouvante. Pensez-y : moi, dans une maison d’aliénés ! C’est révoltant. J’ai vu quelques cas au sanatorium, des fous furieux. Mon sang se glace rien que d’y penser. Être emprisonné pour le reste de mes jours parmi des hurlements et des scènes de violence ! Non, non ! pas cela ! c’est trop !

C’était pitoyable. Ses mains tremblaient ; tout son corps frissonnait et se contractait devant la vision évoquée. Mais, en un instant, il recouvra son calme.

— Pardonnez-moi, dit-il simplement. Ce sont mes malheureux nerfs. Et si c’est là que doit me mener le service du Maître, que sa volonté soit faite ! Qui suis-je pour me plaindre ?

Je me sentais prête à crier en le regardant : — Ô grand et bon pasteur ! héros ! héros de Dieu !

Au cours de la soirée, il nous donna de nouveaux renseignements sur ses faits et gestes.

— J’ai vendu ma maison, ou plutôt mes maisons, et toutes mes autres possessions. Je savais