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ment réalisé tous ses biens, et en secret, avant de disparaître.

Cela arriva au moment où nous étions nous-mêmes en proie aux infortunes, et c’est seulement lorsque nous fûmes établis dans notre nouvelle demeure que nous eûmes le loisir de nous demander ce qu’il était devenu. Puis, soudain, tout s’éclaircit.

Un soir, à la brune, au moment où il faisait encore un peu jour, je traversai la rue afin d’acheter des côtelettes pour le souper d’Ernest. Car, dans notre nouvelle ambiance, nous appelions souper le dernier repas du jour.

Juste au moment où je sortais de chez le boucher, un homme émergea de l’épicerie voisine qui formait le coin de la rue. Un étrange sentiment de familiarité me poussa à le mieux regarder. Mais l’homme tournait déjà le coin et marchait vite. Il y avait, dans la chute des épaules et dans la frange de chevelure argentée entrevue entre le col et le chapeau à bords rabattus, un je ne sais quoi qui éveillait chez moi de vagues souvenirs. Au lieu de retraverser la rue, je suivis cet homme. Je pressai le pas, essayant de réprimer les idées qui se formaient malgré moi dans ma cervelle. Non, — c’était chose impossible. Ce ne pouvait être lui, ainsi vêtu d’une combinaison de toile usagée, trop longue de jambes et éraillée au fond.

Je m’arrêtai, riant de moi-même, et sur le point d’abandonner cette folle poursuite. Mais