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coquin. De ce fait il fut arrêté pour provocations, condamné à une amende devant le tribunal de simple police, et dut s’engager sous caution à se tenir tranquille. C’était si ridicule qu’il ne put s’empêcher d’en rire lui-même. Mais quel scandale dans la presse régionale ! On y parlait gravement du bacille de la violence infestant tous ceux qui embrassent le socialisme, et Père était cité comme un exemple frappant de la virulence de ce microbe. Plus d’une feuille insinuait que son esprit avait été affaibli par le surmenage des études scientifiques, et laissait entendre qu’on devrait l’enfermer dans un asile. Et ce n’étaient pas des paroles en l’air : elles dénonçaient un péril imminent. Heureusement Père était assez sage pour s’en apercevoir. L’expérience de l’évêque Morehouse était une bonne leçon, et il l’avait bien comprise. Il ne broncha pas sous ce déluge d’injustices, et je crois que sa patience surprit ses ennemis mêmes.

Vint ensuite l’affaire de notre maison, celle que nous habitions. On nous déclara une hypothèque forclose, et nous dûmes en abandonner la possession. Naturellement, il n’y avait pas la moindre hypothèque, et il n’y en avait jamais eu : le terrain avait été acheté entièrement, la maison payée sitôt construite ; et maison et terrain étaient toujours restés libres de toute charge. Néanmoins, une hypothèque fut produite, régulièrement et légalement rédigée et signée, avec les reçus d’intérêts versés pendant