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mêmes une des forces importantes de l’oligarchie, continuaient à faire rentrer leurs avances. Le groupe de Wall-Street[1] transforma le marché des stocks en un tourbillon où toutes les valeurs du pays s’écoulèrent presque à zéro. Et sur les désastres et les ruines se dressa la forme de l’Oligarchie naissante, imperturbable, indifférente et sûre d’elle-même. Cette sérénité et cette assurance étaient quelque chose de terrifiant. Pour atteindre son but, elle employait non seulement sa propre et vaste puissance, mais encore toute celle du Trésor des États-Unis.

Les capitaines de l’industrie s’étaient retournés contre la classe intermédiaire. Les associations de patrons, qui les avaient aidés à lacérer l’organisation du travail, étaient déchirées à leur tour par leurs anciens alliés. Au milieu de cet écroulement des petits financiers et industriels, les trusts tenaient bon. Non seulement ils étaient solides, mais encore actifs. Ils semaient le vent sans crainte ni relâche, car eux seuls savaient comment récolter la tempête et en tirer profit. Et quel profit, quels bénéfices énormes ! Assez forts pour tenir tête à l’ouragan qu’ils avaient largement contribué à déchaîner, ils se déchaînaient eux-mêmes et pillaient les épaves qui flottaient autour d’eux. Les valeurs étaient

  1. Nom d’une rue de l’ancien New York, où était située la Bourse, et où l’absurde organisation de la société permettait la manipulation en sous-main de toutes les industries du pays.