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Toutes les villes et cités ressemblaient à des camps militaires, et les travailleurs étaient fusillés comme des chiens. Les briseurs de grèves se recrutaient dans la multitude des gens sans emploi, et quand ils avaient le dessous dans leurs bagarres avec les syndiqués, les troupes régulières apparaissaient toujours à point pour écraser ces derniers. En outre, il y avait la milice. Jusqu’ici il n’était pas nécessaire de recourir à la loi secrète sur la milice : sa partie régulièrement organisée entrait seule en action, et elle opérait partout. Enfin, en cette période de terreur, l’armée régulière fut augmentée de cent mille hommes par le gouvernement.

Jamais le monde du travail n’avait subi une correction si sévère. Cette fois, les grands capitaines industriels, les oligarques, avaient jeté toutes leurs forces dans la brèche pratiquée par les associations de patrons batailleurs. Ceux-ci appartenaient en réalité à la classe moyenne. Stimulés par la dureté des temps et l’écroulement des marchés, et soutenus par les chefs de la Haute Finance, ils infligèrent à l’organisation du travail une terrible et décisive défaite. Cette ligue était toute puissante, mais c’était l’alliance du lion avec l’agneau, et la classe moyenne ne devait pas tarder à s’en apercevoir.

La classe laborieuse manifestait une humeur revêche et sanguinaire, mais elle était terrassée. Cependant sa débâcle ne mit pas terme à la crise. Les banques, qui constituaient par elles-