Page:London - Le Talon de fer, trad. Postif.djvu/204

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les années de prospérité devaient maintenant se payer. Tous les marchés, encombrés, s’affaissaient, et dans l’effondrement général des prix, celui du travail tombait plus vite que tous les autres. Le pays était convulsé de discordes industrielles. De-ci, de-là, partout les travailleurs faisaient grève ; et quand ils ne se mettaient pas en grève, les patrons les jetaient dehors. Les journaux étaient remplis de récits de violence et de sang. Et dans tout cela, les Cent-Noirs jouaient leur rôle. L’émeute, l’incendie, la destruction à tort et à travers, telles étaient leurs fonctions, qu’ils accomplissaient de gaîté de cœur. Toute l’armée régulière était en campagne, appelée par les actes des Cent-Noirs[1].

  1. Le nom seul, et non l’idée, est d’importation russe. Les Cent-Noirs furent un développement des agents secrets du capitalisme, et leur usage débuta dans les luttes travaillistes du dix-neuvième siècle. Cela est hors de discussion, et a été avoué par une autorité non moindre que le Commissaire du Travail des États-Unis, à cette époque, M. Carroil D. Wright. Dans son livre intitulé Les Batailles du Travail, est citée cette déclaration que « dans quelques-unes des grandes grèves historiques, ce sont les employeurs eux-mêmes qui ont incité les actes de violence » ; que des industriels ont volontairement provoqué des grèves pour se débarrasser de leur surplus de marchandises ; et que des wagons ont été brûlés par les agents des patrons pendant les grèves des chemins de fer pour accroître le désordre. C’est d’agents secrets de ce genre que naquirent les Cent-Noirs ; et ceux-ci, à leur tour, devinrent plus tard l’arme terrible de l’oligarchie, les agents provocateurs.