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pes Funèbres et des Plumeurs de Volaille. Les travailleurs devenaient rétifs. Tandis qu’ils se pressaient avec un fol enthousiasme aux réunions socialistes, ils restaient imperméables aux ruses des politiciens du vieux-parti. Les orateurs de celui-ci se démenaient habituellement devant des salles vides, mais de temps à autre ils devaient affronter des salles combles où ils étaient malmenés à tel point que plus d’une fois il fallut l’intervention des réserves de police.

L’Histoire s’écrivait de plus en plus vite. L’air était vibrant d’événements actuels ou imminents. Le pays entrait dans une période de crise[1], occasionnée par une série d’années prospères, au cours desquelles il était devenu de jour en jour plus difficile de disposer à l’étranger du surplus non consommé. Les industries travaillaient à heures réduites : beaucoup de grandes usines chômaient en attendant l’écoulement de leurs réserves : et de tous côtés s’opéraient des réductions de salaires.

Une autre grande grève venait d’être brisée. Deux cent mille mécaniciens, avec leurs cinq cent mille alliés de la métallurgie, avaient été vaincus dans le conflit le plus sanglant qui eût encore troublé les États-Unis. À la suite de batailles rangées contre les contingents de briseurs

  1. Sous le régime capitaliste, ces périodes de crise étaient aussi inévitables qu’absurdes. La propriété engendrait toujours des calamités. Le fait était dû, naturellement, à l’excès des bénéfices non consommés.