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rapports étaient si convaincants que certains ministres du culte, même sincères, firent en chaire l’éloge des Cent-Noirs, tout en déplorant la nécessité de la violence.

L’Histoire s’écrivait rapidement. Les élections d’automne approchaient, et Ernest fut désigné par le parti socialiste comme candidat au Congrès. Ses chances étaient des plus favorables. La grève des tramways de San-Francisco avait été brisée, ainsi qu’une grève subséquente des conducteurs d’attelages. Ces deux défaites avaient été désastreuses pour le travail organisé. La Fédération du Front de Mer, avec ses alliés du Bâtiment, avaient soutenu les charretiers, et tout l’échafaudage ainsi étayé s’était écroulé sans profit ni gloire. La grève fut sanglante. La police assomma à coups de casse-têtes un grand nombre de travailleurs, et la liste des morts s’allongea par suite de l’emploi d’une mitrailleuse.

En conséquence, les hommes étaient sombres, altérés de sang et de revanche. Battus sur le terrain choisi par eux-mêmes, ils étaient prêts à chercher la riposte sur le terrain politique. Ils maintenaient leur organisation syndicale, ce qui leur donnait de la force pour la lutte ainsi engagée. Les chances d’Ernest devenaient de plus en plus sérieuses. De jour en jour, de nouvelles Unions décidaient de soutenir les socialistes, et lui-même ne put s’empêcher de rire lorsqu’il apprit l’entrée en ligne des Auxiliaires des Pom-