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jamais produit de troubles ouvriers. L’Appel payait ses salariés aux tarifs de syndicats. En fait, il constituait l’ossature de la ville, car il employait des centaines d’hommes et de femmes. L’attroupement n’était pas composé de citoyens de Girard. Les émeutiers semblaient être sortis de terre et y être rentrés leur besogne accomplie. Ernest voyait toute l’affaire sous un jour des plus sinistres.

— Les Cent-Noirs[1] sont en voie d’organisation aux États-Unis, disait-il. Ceci n’est que le commencement. Nous en verrons bien d’autres. Le Talon de Fer s’enhardit.

Ainsi fut anéanti le livre de père. Nous devions entendre beaucoup parler des Cent-Noirs dans les jours à suivre. D’une semaine à l’autre, d’autres feuilles socialistes furent privées des moyens de transport, et, en plusieurs cas, les Cent-Noirs détruisirent leur outillage. Naturellement, les journaux du pays soutenaient la politique des classes dominantes, et la presse assassinée fut calomniée et vilipendée, tandis que les Cent-Noirs étaient représentés comme de vrais patriotes et les sauveurs de la société. Ces faux

  1. Les Cent-Noirs étaient des bandes réactionnaires organisées par l’autocratie décadente dans la Révolution Russe. Ces groupes réactionnaires attaquaient les groupes révolutionnaires ; en outre, au moment voulu, ils soulevaient l’émeute et détruisaient les propriétés pour fournir à l’autocratie un prétexte de faire appel aux Cosaques.