Page:London - Le Talon de fer, trad. Postif.djvu/199

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mille. En outre, il publiait fréquemment des éditions spéciales de deux à cinq millions d’exemplaires ; payées et distribuées par la petite armée de travailleurs volontaires qui s’étaient groupés autour de l’Appel. Le premier coup fut dirigé contre ces éditions, et ce fut un coup de massue. L’administration des Postes décida, par un règlement arbitraire, qu’elles ne faisaient pas partie de la circulation ordinaire du journal, et, sous ce prétexte, refusa de les recevoir dans ses trains-postes.

Une semaine après, le ministère des Postes décréta que le journal lui-même était séditieux et le raya définitivement de ses transports. C’était une attaque terrible pour la propagande socialiste. L’Appel se trouvait dans une situation désespérée. Il imagina un plan pour atteindre ses abonnés par les Compagnies de trains express, mais celles-ci refusèrent d’y prêter la main. C’était le coup de grâce ; pas tout à fait pourtant : l’Appel comptait continuer son entreprise d’éditions. Vingt-mille exemplaires du livre de Père étaient à la reliure et d’autres sous presse. Un soir, sans que rien pût le faire prévoir, une bande de canailles surgit on ne sait d’où ; agitant un drapeau américain et chantant des airs patriotiques, ils mirent le feu aux vastes ateliers d’imprimerie de l’Appel, qui furent détruits de fond en comble.

Or, la petite ville de Girard, Kansas, était une localité absolument tranquille, où il ne s’était