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exemplaire chez aucun libraire. Père écrivit aux éditeurs, et il lui fut répondu que les planches avaient été abîmées par accident. Une correspondance embrouillée s’ensuivit. Mis au pied du mur, les éditeurs finirent par déclarer qu’ils ne voyaient pas la possibilité de réimprimer l’œuvre, mais qu’ils étaient tout disposés à abandonner leurs droits sur elle.

— Dans tout le pays vous ne trouverez pas une autre maison d’édition qui consente à y toucher, dit Ernest. — Et, à votre place, je me mettrais tout de suite à l’abri. Car ceci n’est qu’un avant-goût de ce que vous réserve le Talon de Fer.

Mais Père était avant tout un savant, et ne se croyait jamais autorisé à sauter tout de suite aux conclusions. Pour lui, une expérience de laboratoire ne méritait pas ce nom tant qu’elle n’avait pas été poursuivie jusque dans ses moindres détails. Aussi entreprit-il patiemment une tournée chez les éditeurs. Ils lui fournirent une multitude de prétextes, mais aucun ne voulut se charger du livre.

Lorsqu’il fut bien convaincu que son œuvre avait été abolie, Père essaya d’en informer le public, mais ses communiqués à la presse ne reçurent pas de réponse. À une réunion politique socialiste où assistaient de nombreux reporters, il crut avoir trouvé l’occasion de rompre le silence. Il se leva et raconta l’histoire de cet escamotage. En lisant les journaux du lendemain il se mit