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livre « Économie et Éducation », ne faisait, disait-il, que river sa thèse. Pouvait-on fournir une meilleure preuve du fait que l’instruction publique était dominée par la classe capitaliste ?

Mais cette confirmation ne vit jamais le jour ; personne ne sut qu’il avait été obligé de se retirer de l’Université. C’était un savant si éminent qu’une pareille nouvelle, publiée avec le motif de sa démission forcée, eût fait sensation dans le monde entier. Les journaux déversèrent sur sa tête la louange et l’honneur, le félicitant d’avoir renoncé à la corvée des conférences pour consacrer tout son temps aux recherches scientifiques.

Père commença par rire ; puis il se fâcha, — à dose tonique. Alors il advint que son livre fut supprimé. Cette suppression s’opéra dans un tel secret que, tout d’abord, nous n’y comprîmes rien. La publication de l’ouvrage avait immédiatement causé quelque émotion dans le pays. Père avait été poliment malmené par la presse capitaliste : la note générale exprimait le regret qu’un si grand savant eût quitté son domaine pour s’aventurer dans celui de la sociologie, qui lui était parfaitement inconnu et où il n’avait pas tardé à s’égarer. Cela dura une semaine, pendant laquelle Père badinait en disant qu’il avait touché un point sensible du capitalisme. Puis, tout à coup, un silence complet se fit dans les journaux et revues critiques, et, d’une façon non moins soudaine, le livre disparut de la circulation. Impossible d’en trouver le moindre