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d’États. Et ce n’est pas tout. Derrière la loi, il faut une force pour l’exécuter. Aujourd’hui, la ploutocratie fait la loi, et pour l’imposer elle a à sa disposition la police, l’armée, la marine et

    genre d’éclairage qu’ils emploient, doivent commencer à enrichir les Rockefeller dès que le soleil se couche. Puis ils se lancèrent dans les hypothèques de fermes. On raconte que, voilà quelques années, quand la prospérité permit aux fermiers de purger leurs hypothèques, J.-D. Rockefeller en fut affecté presque jusqu’aux larmes ; huit millions de dollars qu’il croyait placés en sûreté à de bons intérêts pour des années à venir furent soudainement accumulés sur le seuil de sa porte, réclamant à grands cris un nouvel emploi. Cette aggravation inattendue à son perpétuel souci de trouver des placements pour les enfants et les petits-enfants et les arrière-petits enfants de son pétrole, était plus que n’en pouvait supporter d’un cœur égal un homme affecté de mauvaise digestion…

    « Les Rockefeller se mirent dans les mines, — fer et charbon, cuivre et plomb ; — puis dans d’autres compagnies industrielles ; dans les tramways ; dans les obligations nationales, d’États ou municipales ; dans les grandes lignes maritimes, les bateaux à vapeur et les télégraphes ; dans les bien-fonds et les gratte-ciels, et les maisons d’habitation, et les hôtels et les pâtés de bâtiments d’affaires ; dans les assurances sur la vie et dans la banque. Il n’y eut bientôt plus un seul champ d’industrie où leurs millions ne fussent à l’œuvre…

    « La banque Rockefeller — la National City Bank — est de beaucoup la plus importante des États-Unis. Elle ne le cède dans le monde entier qu’à la Banque d’Angleterre et à la Banque de France. Les dépôts dépassent en moyenne cent millions de dollars par jour, et elle domine le marché des valeurs à la criée de