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bataille pour la possession des machines et du monde ? demanda M. Kowalt.

— En ce cas, répondit Ernest, vous-mêmes, et le travail, et nous tous, nous serons écrasés sous le talon de fer d’un despotisme aussi implacable et terrible qu’aucun de ceux dont furent souillés les pages de l’histoire humaine. Le Talon de Fer ![1] Tel est bien le nom qui conviendra à cette horrible tyrannie.

Il y eut un silence prolongé. Les méditations de chacun se perdaient dans des avenues profondes et peu fréquentées.

— Mais votre socialisme est un rêve, dit enfin M. Calvin ; et il répéta : — Un rêve !

« Alors, je vais vous montrer quelque chose qui n’est pas un rêve, répondit Ernest. — Et ce quelque chose, je l’appellerai l’Oligarchie. Vous l’appelez la Ploutocratie. Nous entendons par là les grands capitalistes et les trusts. Examinons où est le pouvoir aujourd’hui.

« Il y a trois classes dans la société. D’abord vient la ploutocratie, composée des riches banquiers, magnats des chemins de fer, directeurs de grandes compagnies et rois des trusts. Puis vient la classe moyenne, la vôtre, Messieurs, qui comprend les fermiers, les marchands, les petits industriels et les professions libérales. Enfin, troisième et dernière, vient ma classe à

  1. C’est, à notre connaissance, la première fois que ce terme fut employé pour désigner l’Oligarchie.